Le Progrès Economie
Fabriquer en Chine un vrai casse tête
Article du Progrès Supplément Economie, extraits du mardi 1er juillet 2008
Si l'Empire du Milieu est le pays qui attire le plus
d'investissements étrangers, faire du business avec les Chinois relève
de la gageure.
Florilège des difficultés rencontrées.
Fabriquer en Chine, un vrai casse-tête
1) Des problèmes de qualité
Vous connaissez la règle non écrite du 13' conteneur?
D'après Henri Saint-Père, un avocat d'affaires qui aide régulièrement
des entreprises lyonnaises à s'implanter en Chine, lorsqu'une société
fait fabriquer en Chine, les douze premiers conteneurs sont conformes à
la commande. Le treizième est défectueux. La qualité des produits livrés
reste le premier souci des chefs d'entreprises. « Une qualité encore
trop fluctuante », selon Guillaume Crouzet, responsable Asie à la
Chambre de commerce et d'industrie de Lyon. Puces électroniques mal
assemblées, pièces automobiles défectueuses, bijoux pour cheveux
inutilisables... Les exemples sont légions.
2) Une législation opaque
Même les Chinois ne s'y retrouvent pas. Chung Ling Lai-Perroud,
conseillère stratégique pour Access Asia, une société lyonnaise
spécialisée dans l'accompagnement de projets d'affaires entre la France
et la Chine, en perd son mandarin : « Les sociétés dont le capital est à
100 % étranger sont soumises à des lois spécifiques. Les joint-ventures
également. II existe des règlements nationaux et leurs applications sont
différentes en fonction des régions », Depuis 2007, les modes
d'implantation ont évolué. Les joint-ventures, au début obligatoires,
côtoient désormais des groupes qui peuvent être majoritaires ou posséder
100 % de la société. Là encore, les déceptions sont souvent au
rendez-vous. À l'instar de Danone, majoritaire dans son joint-venture
avec Wahaha, qui a découvert que ce dernier avait fait main basse sur
une partie des profits.
3) Une main-d'œuvre volatile
En moyenne, les cadres chinois restent deux ans dans une entreprise.
Quant au renouvellement partiel des équipes, il s'effectue tous les six
mois. Du coup, les entrepreneurs étrangers rencontrent un véritable
problème de fidélisation de leurs salariés. « Le marché du travail est
très ouvert en Chine », a constaté Jean-Claude Castanier, de chez Access
Asia. « Les jeunes sont toujours à la recherche de l'employeur le plus
offrant. Et c'est normal ! Là-bas, les CDI et CDD n'existent pas. Un
seul contrat de travail vaut pour tous. »
4) Un climat délétère
Début mai, les manifestations de soutien à l'indépendance du Tibet à
Paris, lors du passage de la flamme olympique, ont échauffé les esprits.
Le 1er mai, des centaines de Chinois se sont massés devant les magasins
Carrefour de Changsha, la capitale de la province de Hunan, Fuzhou et
Shenyang en signe de protestation. «Les Chinois n'aiment pas perdre la
face sur la scène internationale », commente Jean-Claude Castanier. «
Aujourd'hui, il existe un climat de défiance vis-à-vis des Français. Les
échanges commerciaux connaissent une perte de fluidité. Je conseille aux
entreprises françaises d'attendre le mois de septembre pour faire des
affaires. Après les Jeux Olympiques, ça sera plus facile. »
Les Clefs de la réussite chinoise
Les experts sont formels : pour réussir en Chine, il est indispensable de se faire accompagner.
> La Chambre de commerce et d’industrie de Lyon : le département « Asie » organise régulièrement des missions de prospection afin d’identifier des partenariats potentiels. www.lyoncci.fr
> Des sociétés de conseils spécialisées : Access Asia consulting. www.accessasia.fr
> Afin de trouver un avocat capable de vous éclairer en matière de législation chinoise : le Barreau de Lyon. www.barreaulyon.com
Emmanuelle Sautot